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Dans ma lettre à Ayoola, j’ai mentionné l’importance du choix du conjoint et du couple dans notre relation individuelle avec l’argent. Beaucoup d’entre vous sont revenus vers moi pour me demander en quoi c’était important, et surtout en quoi c’était lié à l’argent.

Je n’ai pas fini de vivre, je peux encore apprendre beaucoup de choses. En attendant, je vais partager avec vous ce que je sais.

La contribution de chacun 

Se mettre en couple est, en soi, un projet. La loi prévoit que chacun contribue, à son niveau, aux charges du mariage. Nous venons donc individuellement apporter au pot commun, que cette contribution soit financière ou « en nature ». Tout comme dans une société où les apports de chaque « associé » sont valorisés pour déterminer la part de chacun. 

Traditionnellement, dans la famille les hommes ont apporté le financier, et les femmes la nature 😊. Une nature qui a, malheureusement, perdu de sa valeur dans notre monde ultra-capitaliste, face à l’argent. Tout le monde s’accorde à dire que mettre au monde un enfant, s’occuper de son éducation, entretenir un foyer est tout ce qu’il y a de plus fondamental; que le travail domestique est au-dessus de toute valeur monétaire. De même, j’entends souvent des femmes dire qu’elles ne se sentent pas valorisées dans leur couple, parce qu’elles n’apportent pas d’argent. Le travail domestique a perdu de sa valeur aux yeux des hommes, mais aussi aux yeux des femmes elles-mêmes. Comment valoriser cet apport au même titre qu’un apport financier? Est-ce vraiment cela, l’enjeu? 

Faisons un peu le point: qui se marie pour s’appauvrir? Surtout dans une société où la précarité est de plus en plus présente. Le mariage symbolise le mieux faire ensemble. Et dans le mariage, on rentre en principe à 50/50. Cela ne signifie pas que, pour un loyer de 100.000 FCFA, chacun doive donner 50.000. Parce que, si je gagne 100.000 et que mon conjoint en gagne 1.000.000, ce mode de répartition m’appauvrît, à son profit. Et comme me l’a dit un bon grand la dernière fois, ce n’est pas ça le principe du mariage. Dans une société, chaque associé doit juridiquement contribuer à la hauteur de sa part de propriété; que cette contribution soit financière ou autre. J’ai entendu beaucoup de choses suite aux dernières propositions de modification du code civil. Koh, comment les hommes et les femmes vont partager le rôle de chef de famille, alors que ce sont les hommes qui paient tout ? Comme si la contribution en nature dans ce cas-là n’avait pas de valeur. Ça m’a rappelé le principe de «Ce que tu ne peux pas faire, tu paies pour qu’on le fasse ». Mesdames, ce que nous faisons chez nous a certainement une valeur marchande, et doit peser dans la contribution de chacun au foyer, au même titre qu’une contribution financière, pour que chacun y trouve son compte.

L’argent dans le couple 

Nous vivons dans un système capitaliste, où l’argent est le langage commun. Nous avons besoin d’argent pour vivre, mais aussi pour avoir de la valeur dans notre société. L’argent signifie plus que jamais la sécurité. Ce monde nous le rappelle constamment, cruellement. 

Pour ces raisons, et bien d’autres, la relation occupe une place prédominante dans le couple — que nous en soyons conscients ou pas. Et quand je parle de l’importance de parler d’argent, et d’être à l’aise avec ça, cela prend tout son sens ici. Je rencontre tous les jours des couples professionnels (associés en affaires) qui ne sont pas à l’aise de parler d’argent. Et pourtant, ils sont là pour faire de l’argent. Je conseille systématiquement aux partenaires de s’asseoir pour définir ce que veut dire l’argent pour chacun d’entre eux, et comment ils vont le gagner ensemble. Quand ce n’est pas fait, ça nous rattrape. La vie se charge de nous rappeler que c’est important. L’un des deux se sent floué, dévalorisé, et la relation d’affaires s’arrête. 

C’est la même chose dans le couple. Oui, l’homme et la femme sont égaux en droit — emmenez-moi où vous voulez. Cela ne signifie pas qu’ils sont identiques, qu’ils sont les mêmes. Les femmes portent les enfants. C’est une contribution en soi, qui devrait être valorisée dans la société d’aujourd’hui. Traditionnellement, les femmes restent à la maison, pour faire, avec ou sans aide, ce qu’aujourd’hui nombre d’entre nous délègue: le ménage, la cuisine, et l’entretien (en plus de l’éducation...) des enfants. Cela devrait être valorisé aussi. Au lieu de ça, dans un monde devenu individualiste, la femme qui ne travaille pas, ou qui travaille moins, peut se retrouver en situation précaire dans son couple, et démunie face à l’inattendu: une séparation, la maladie ou le décès du conjoint. Alors, en mode gestion de risques, je vois deux solutions: harmoniser les contributions de chacun (un peu d’argent, un peu de nature) et/ou valoriser en argent la contribution en nature de l’un.  Comme on doit le faire dans une entreprise. Toujours pour que chacun.e s’y retrouve.

La préparation au couple

A ce stade, je pense que nous sommes d’accord: un projet, ça se prépare. Comme en affaires, chacun de nous doit évaluer sa contribution au couple. Et comme la beauté est dans l’œil de celui qui la voit, votre conjoint.e doit valoriser cette contribution également. Cela nécessite d’en discuter ensemble pour se mettre d’accord sur son projet de couple, son projet de vie. Pas en une seule fois... Initialement, puis périodiquement. Et prenant des notes. On note ce sur quoi on est d’accord. On note ce sur quoi on n’est pas d’accord. Et on évolue.

Et ce conseil s’applique tant pour des associés en affaire qui créent une société, qu’un couple qui crée une famille. On pourrait, par exemple, se poser les questions suivantes — pour ne citer que celles-là:

SOCIÉTÉ COUPLE

Est-ce que tous les actifs seront à la société? Ou est-ce que l’un ou les deux associés vont apporter des actifs (bâtiment, véhicule, etc...) qui seront loués par la société? Est-ce qu’on veut construire/acheter une maison ensemble, ou chacun la sienne? Si ensemble, quelle va être la participation de chacun? Qui est le dirigeant de la société? L’un des associés ou les deux? Comment allons-nous gérer la maison dans laquelle nous allons vivre: qui prend la charge (financière ou de gestion) de quoi? Est-ce qu’on veut du personnel (équipe dédiée) ou fonctionner avec des prestataires? Comment s’organiser pour les payer et les gérer? Idem pour les équipes? Le personnel de maison, si applicable: qui le paie? Qui le gère? L’éducation des enfants: qui paie? Qui gère? 

Vous l’aurez compris, on ne nous prépare pas assez au vivre et au faire ensemble, au vivre et au faire en couple. Ceux qui se marient à l’église peuvent avoir la chance de s’y préparer spirituellement et, en ce sens, font déjà la moitié du travail. Un projet, quel qu’il soit se prépare. Pas dans l’optique de le réaliser à tout prix. Plutôt en gardant l’esprit ouvert: Est-ce que ce projet est pour moi? Est-ce qu’il est adapté à mes besoins sous sa forme actuelle? Sinon, qu’est-ce qui peut/doit changer? Qu’est-ce que j’y apporte? Qu’est-ce qu’il m’apporte? Et c’est un travail qui n’est jamais fini. Parce qu’un projet bien préparé, se suit aussi. Périodiquement. Pourquoi croyez-vous que les sociétés ont des conseils d’administration, ou des assemblées générales? Parce qu’il est impératif de suivre la conduite des affaires, et surtout de se demander si on est toujours en ligne avec la stratégie, ou si celle-ci doit évoluer. Parfois même s’il est nécessaire de se séparer. 

Ce que je dis… 

… c’est que, comme dit #PrissyLaDegammeuse , « on ne se marie pas pour survivre ». Le couple, comme la société, ne devrait pas se construire sur le dos d’une seule personne, mais plutôt profiter à tous. Il n’y a pas de bons modèles. Il faut absolument trouver le vôtre. Faites votre business plan, définissez ce que vous voulez, dans votre vie, dans votre couple, et assurez-vous que la personne qui partage votre vie regarde dans la même direction. Soyez conscient.e de votre valeur, et assurez-vous que votre conjoint.e y accorde également de la valeur. La réussite de votre projet de vie en dépend!